Cette année, nous avons décidé de partir au nord Vietnam avec l’ambition de passer le Têt dans une famille d’une minorité ethnique..
En avant donc pour une nouvelle aventure ! et notre chemin s’est arrêté à 50km au sud de Ha Giang dans un charmant village. Une famille Tay a eu la gentillesse de nous accueillir dans une belle maison sur pilotis.
Loger chez l’habitant n’est pas très simple au Vietnam. Il faut en effet l’accord du chef du village et de la police. Les formalités sont un peu contraignantes. Mieux vaut parler la langue..
Les Tay sont la deuxième ethnie du Vietnam avec plus de 1,5 millions d’habitants, tous au nord Vietnam. Ils sont originaires de Chine et font partie du groupe de langues « tai Kadai ». Ils sont généralement cultivateurs sur des plaines fertiles, au pied des montagnes. Les croyances ne différent guère de celles des autres vietnamiens : pas ou peu de religions, culte des ancêtres.
La famille où nous avons logé cultive le riz, la canne a sucre, la citronnelle et plantent de nombreuses bananes.. Les chinois achètent assez chers les bananes , 0,30 euros par kilos (6000 vnd le kilo). Dans la campagne, on trouve quelques « alambic » pour obtenir de l’essence de citronnelle qui est vendue autour de 13 euros le litre (300.000 VND) pour l’exportation. Toutes les familles possèdent des animaux de basse cours.
La situation matérielle de la famille était bonne. Tous parlent vietnamien et bénéficient de la couverture sociale pour 25 euros par an (500.000 vnd). Le gouvernement leur envoie régulièrement les journaux invendus de Hanoi..
Nous sommes restés 3 jours, ce qui nous a permis de vivre en parfaite symbiose avec la famille.
La famille est parfaitement intégrée dans le Vietnam d’aujourd hui. Ils parlent tous le vietnamien et ne portent plus leur costume traditionnel. On se marie avec des vietnamiens (les « kinh ») ou d’autres ethnies, cela n‘a plus d’importance.
La maison a été construite en 2010. Seule la salle de bain est encore un peu précaire pour un occidental ! la pièce à vivre est à l’étage. Le toit est en chaume pour une meilleure isolation et l’air circule en permanence. On mange et dort sur un immense plancher. L’autel des ancêtres et le meuble tv forment l’unique mobilier. Le soir, vers 9 ou 10 heures, on monte les moustiquaires et chacun dort dans un coin de la pièce. Les couples étrangers à la famille ne sont pas autorisés à dormir ensemble (on a rencontré cette pratique partout ou nous sommes passés). Le réveil est aux alentours de 5h30- 6 heures.
Les parents agés qui nous accueillent ont 7 enfants. Toute la famille habite à proximité et vont et viennent dans la maison. C’est une véritable ruche ! Dans cette communauté, chacun trouve sa place.. La jeune fille un peu simplette cuit le riz et surveille le petit fils handicapé.
Le cochon est partagé entre les membres de la famille, à parts égales..
La pièce la plus importante est la cuisine. Elle est juste à coté de la maison, pour éviter l’incendie. Les femmes passent beaucoup de temps à cuisiner, surtout en cette période de fête. Il faut au moins une heure pour préparer le petit déjeuner, qui est presque un repas normal. Le foyer est au centre de la pièce, bien que de plus en plus de familles adoptent la cheminée. Le bois vient de la foret, mais il est a présent interdit de couper des arbres. On brûle donc souvent du bambou. Dans cette famille, il n’y a pas de frigo. La quasi totalité de la nourriture est produite sur place. On s’assoit autour du feu sur de petits tabourets en bois. La viande sèche au dessus du foyer. Même la pince de la cheminée est faite en bambou !
La préparation du Têt est une période de forte agitation, comme dans toutes les familles vietnamiennes. On prépare les gâteaux traditionnels à base de riz gluants, on tue le cochon, on prépare les bouteilles d’alcool de riz. On récupère aussi le miel d’un essaim sauvage.
La tête de cochon, un met de choix ! On l’offre d’abord aux ancêtres, comme en témoigne la bougie
Les repas se prennent en famille, sur la natte. Comme toujours au Vietnam (surtout en présence d’invites), les repas sont copieux et délicieux. Lors du Têt, on ne boit pas de bière, seulement de l’alcool de riz.
Préparation des fameux banh Têt et banh chung !
Le feu fonctionne presque en continue en ces jours de Têt..
Préparation des poids verts pour faire le gâteau du têt banh chung
Pour le Têt, on trinque beaucoup. C’est la tradition et on n’y échappe pas !
Le 1er jour du têt, nous avons eu l’honneur d’être les premiers a pénétrer dans la maison. Ces premiers visiteurs sont très importants car d’eux dépendent le bonheur de la maison pendant un an.. Outre nos plus beaux habits, on nous avait préparé un « shampoing » a base de fleur de pèches, pamplemousse, citronnelle et d’autres senteurs issues de la foret… Comme le veut la tradition, après avoir saluer les maîtres de lieux, nous nous sommes recueillis devant l’autel des ancêtres de la famille.