A Hué, la demeure du premier médecin de l’Annam

C’est à Paul Doumer que l’on doit la création de la première école de médecine en 1902. A cette époque, les médecins français, essentiellement militaires, sont rares et manquent cruellement d’assistants locaux. La formation de médecins et de sages-femmes est vivement souhaitée. Ainsi donc cette école voit le jour à Hanoi, le seul établissement d’enseignement supérieur de l’Indochine à cette époque. Alexandre Yersin sera le premier directeur et y restera 2 ans. La scolarité dure 4 ans.


La premiere école de médecine de Hanoi


La situation médicale en Indochine de 1900 à 1930

Il faudra donc attendre 1906 pour avoir la première promotion, 5 diplômés seulement pour toute l’Indochine. Ung Thong, le petit fils du Prince Tuy Ly, 11éme fils du roi Minh Mang (voir article du 15 mars 2019) en fait parti. Il est le premier médecin de l’Annam. Les 5 diplômés obtiennent le titre de « médecin auxiliaire » et travaillent comme fonctionnaires.


Son Excellence Ung Thong

Ung Thong sera médecin puis médecin-chef à Dong Hoi, Nha Trang, Faifoo (Hoi An), Song Cau et Hué. Il fut chargé aussi de créer le service médical chez les minorités ethniques, à Kontum. Durant sa carrière, il recevra de nombreuses décorations : chevalier de la légion d’honneur en 1926, Commandeur du Dragon d’Annam en 1933. L’Empereur Bao Dai le nommera ministre honoraire en 1937 pour l’ensemble des services rendus. Il faisait encore parti des 500 personnes les plus en vue de l’Indochine en 1942. Car sa retraite, prise officiellement en 1933, est particulièrement active. Il participe à de nombreuses sociétés de bienfaisances locales. Il est le vice président de la Société de protection des enfants franco-annamites.


Ce qui reste de la demeure en 2020

Que reste-il de cet illustre médecin à Hué ? Une belle demeure en ruine au 66 Nguyễn Sinh Cung, dans le quartier Vi Da. La bâtisse est au fond d’un terrain de 2000 m2, mais on la distingue à peine tant la végétation a pris le dessus. Un autre bâtiment, ancien dispensaire, est en meilleur état.


Détail du porche, avec la presence étonnante d’une rose..

Concernant la maison proprement dite, on y distingue clairement un style mixte avec un bâtiment occidental mais deux porches dans le style local. L’escalier et le parquet, aujourd’hui disparus, étaient en bois de fer. Le carrelage, quant a lui, a été importé de France. A l’époque de sa construction, dans les années 30, la maison avait vu sur la rivière des parfums. Ung Thong et sa femme sont enterrés dans la propriété.

Apres guerre, la maison est restée à l’abandon. Il semble que sa famille soit à présent en France. Pour autant, depuis 2018, le terrain est « éclairci » des constructions illégales, signe possible d’un nouveau destin pour cette propriété.

Sources :
– Souverains et Notabilités l’Indochine, https://archive.org/details/SouverainsEtNotabilitesDindochine
– Revue « La Dépêche Coloniale Illustrée » du 15 décembre 1908, consacrée à l’école de médecine en Indochine, avec une éloge de Ung Thong, lorsqu’il effectue son stage de médecin à l’hôpital de Thanh Hoa l’année précédente
(source Gallica)
– Exposition « Ve Hue », dessins, photos, aquarelles.. organisée en Juillet 2019 par l’architecte Nguyễn Yến Phi et Tran Van Dung

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