Peu de chance d’échapper à booking.com ! Le site est partout sur internet et apparait constamment en tête de liste sur les moteurs de recherches.. Un fabuleux concentré de marketing, qui éblouit l’internaute tout en le stressant pour mieux le pousser à l‘achat.
Une formidable machine de vente qui permet à de petits hôtels de quartier de côtoyer des hôtels de standing international ! Les premiers sont ravis de profiter de cette plate forme qui leur amène de manière inespérée une clientèle nombreuse sans avoir à investir un centime dans la pub. Les seconds voient dans les commissions payées une forme de racket devenu incontournable.
Booking.com c’est le 3eme site de e commerce derrière Alibaba et Amazon. 432 millions de nuitées ont été vendues par booking.com en 2015 !
C’est surtout 10,7 milliards de revenus pour 2,1 milliards de profit net (1). 10,7 milliards, c’est comme un super impôt que ponctionne une société américaine sur l’hôtellerie du monde entier! 32% des revenus sont dépensés pour la pub sur internet et surtout pour l’achat de mots clés sur les moteurs de recherche, pour apparaître en premier sur la liste des sites. Ce qui correspond à une dépense de plus de 7 millions de dollars par jour ! Une somme récupérée en grande partie par Google, pour qui Booking.com fait parti du top 5 des contributeurs financiers… Ces achats de mots clés, organisés sous forme d’enchères, coûtent de plus en plus (32% contre 30,8% des dépenses de booking.com en 2014), preuve que la concurrence est forte. Une spirale sans fin qui ne permettra pas aux hôteliers de voir baisser le taux des commissions payées.
Heureuse propriétaire d’une guest house à Savanakhet (Sala Thongyon), au Laos, qui, grace à Booking.com, remplit quotidiennement ses bungalows et ce, dès le premier jour d’ouverture.. Elle fêtait, ce soir la, la première année de son établissement avec quelques clients… (décembre 2016)
Dommage que tout cet argent ne revienne pas à des actionnaires européens .. C’était pourtant bien parti, car cette start-up fut créé en 1995 par un néerlandais. Mais elle a été rachetée en 2005 par Priceline, un groupe américain qui possède aussi Agoda, Racheté 133 millions de dollars, Booking est le fleuron du groupe dont la valeur vaut sur le Nasdaq 96 milliards de dollars !
Seule satisfaction, le siège de Booking.com est encore à Amsterdam. Le groupe emploie 15000 salariés, étalés sur 70 pays .. Au vue des résultats actuels, cela fait plus de 120.000 usd de profit générés par salarié…pas mal !
Les commissions payées par les hoteliers sont d’environ 16%. Le taux minimum est de 15% (cela depend du lieu d’implantation de l’hotel). Certains acceptent de payer 25% pour être mis en avant par le site. Les contraintes pour les hôteliers ne se limitent pas aux commissions payées: ils ne peuvent pas offrir en ligne de meilleurs prix que ceux de Booking. Ce qui permet d’affirmer par Booking qu’il n’est pas possible de trouver moins cher sur le net.
Les hôteliers français, suivis par d’autres à présent, ont obtenu par voie de justice en 2015 quelques concessions :
– Offrir des tarifs de chambres différents d’une plateforme à l’autre,
– Pouvoir offrir des prix à la clientèle moins chers que celles des plateformes, mais uniquement par mail, à la réception ou par téléphone,
– Offrir un nombre de chambre différent d’une plate forme à l’autre ou entre le site de l’hotel et les plateformes(fin de la « parité de disponibilité »),
– Contact possible des anciens clients par mail, y compris ceux issus des plateformes.
Qu’en est-il de la réalité en Asie ?
Difficile de se passer de telles plateformes pour dénicher et réserver les « petits » hôtels (10 usd). Ils n’ont de toute façon pas de site internet. Dans le cas contraire, laisser en ligne ses données de cartes bancaire n’est pas très rassurant(bien que Booking.com transmette lui aussi en clair les numéros de cartes à l’hotelier…). La barrière de la langue est aussi un obstacle bien compréhensible. Mais on peut toujours ne réserver qu’une nuit et négocier directement le prix pour les autres nuitées.
En revanche, pour les hôtels un peu plus luxueux (20 – 150 usd), le résultat est sans appel : les offres sont toujours plus intéressantes sur les sites internet des hôtels.
Habitant à Hué, j’ai comparé les prix de plusieurs hôtels. Les réductions vont jusqu’à 21% ! En moyenne, on gagne environ 12%. Moi, je suis preneur…
Même constat à Singapour et à Bali où j’ai fait mes dernières réservations..
Pub affichée sur le site internet de l’hotel Huong Giang à Hué, Vietnam. J’ai trouvé effectivement 21% d’économies sur le prix des chambres par rapport à Booking.com
Pour les hôtels de grand luxe, l’écart ne se fait pas forcement sur le prix de la chambre, probablement car ils se doivent de respecter les engagements pris avec Booking.com.
Mais les avantages se matérialisent différemment : transfert gratuit pour l’aéroport, réduction sur toutes les prestations, corbeilles de fruits offertes, nuits gratuites etc…
Choisissez donc sur Booking.com votre hôtel de rêve et .. allez sur le site de l’hôtel pour réserver !
Cependant, et pour le Vietnam spécifiquement, nul besoin de réserver. Le pays possède tellement d’hôtels qu’on pourrait y loger tous les migrants de la terre ! Sauf à être très exigeant ou anxieux, Il est toujours plus simple de faire la tournée de quelques hôtels en arrivant sur place et de négocier un bon prix. Le taux de remplissage des hôtels ne dépassent jamais plus de 30% en moyenne….
(1) les données financières sont disponibles pour le groupe Priceline, maison mère de Booking.com. Il semblerait que Booking.com contribue à plus de 85% au résultat du groupe. Par simplicité, j’ai considèré que 100% des résultats du groupe venait de Booking. Les résultats du groupe sont accessible sur le site http://ir.pricelinegroup.com
Principaux résultats financiers du groupe Priceline. (extrait du rapport annuel)