Une grosse différence entre le centre Vietnam et le nord Viêtnam est la taille des édifices traditionnels bâtis en bois. A Hué, tout est dans la légèreté des formes, les colonnes en bois sont fines, pas très hautes, presque discrètes. Dans le nord Vietnam, les toits sont lourds, massifs et l’ossature en bois qui les supporte doit être en rapport. Ainsi, on trouve les colonnes d’une taille impressionnante, des linteaux tout aussi massifs. Cette architecture traditionnelle dépendait essentiellement des risques liés aux nombreux typhons qui ont toujours sévi dans ces régions.
De passage dans la région de Ninh Binh / Nam Dinh, on voit de nombreux temples, pagodes, maisons communes (dinh) mais aussi des églises bien représentatives de cet usage immodéré pour le bois. L’exemple le plus marquant est l’église de Phat Diem dont les immenses colonnes de bois ornent toute la nef.
En passant dans un village (Dinh O Cach, xa Thanh Thuy, Huyen Thanh Liem, province de Ha Nam), nous avons eu aussi l’illustration de cette tradition, à travers la restauration d’un dinh.
On voit bien ici que les murs ne sont pas porteurs. La piece maitresse de tous ces bâtiments est la charpente en bois, qui sera ensuite recouverte de tuiles lourdes, parfois sur 5 épaisseurs.
Il y a bien longtemps que le Viêtnam ne possède plus d’arbres aussi massifs. Depuis de nombreuses années, le bois est importé. L’essence la plus noble est le bois de fer, le fameux « lim », autrefois à usage réservé au roi et a la famille royale. Ce bois a une densité tellement lourde qu’il ne coule pas. Il est très dur et résiste aux insectes.
Les bois tropicaux n’ont pas de cernes (veines) comme chez nous, car il n’y a pas d’hiver pour stopper la croissante de l’arbre. Donc difficile de connaitre leurs ages..
Le bois est donc importé, essentiellement d’Afrique du sud ou des grandes forets du Congo.
La grande zone de stockage de ce bois d’importation est Ninh Binh. A quelques minutes de la gare, vous pouvez accéder à de nombreux entrepots qui alimentent tous les chantiers de la région.
En dehors des édifices à restaurer ou des églises à reconstruire, on voit aussi de nombreux riches vietnamiens acquérir des pieces de bois brut pour en faire des tables longues et des bancs, comme on le voit sur la photo précédente. C’est un peu du gâchis, pour ne pas dire plus…
« beau bois, pas cher », suivant le slogan commercial habituel au Vietnam!
Voila ce qu’on fait avec le bois de fer, des colonnes pour les églises. Ici, des scieurs de long, comme on le faisait autrefois avant la mécanisation (photo prise en 2012)
Merci de ces précisions qui apportent un éclairage particulièrement judicieux quand à la façon de réaliser ces maisons communales et qui expliquent ce que la tradition a pu conserver dans ce domaine de la construction.
Je n’avais que peu de connaissances sur les métiers artisanaux du bois croyant qu’ils se trouvaient dans la région de Bac Ninh.
Merci