Les 95 ans du lycée Dong Khanh de Hué

On vient de fêter à Hué le 95éme anniversaire du lycée pour jeunes filles Dong Khanh, aujourd’hui appelé Hai Ba Trung.

A l’époque de la fondation, en 1917, il n’existait que 3 lycées de jeunes filles « indigénes » en Indochine (Hanoi, Saigon et Hué). C’est peu, et celles qui ont la chance d’en faire partie sont conscientes de leur « privilège ». Les jeunes filles sont, pour la plupart, issues d’un milieu favorisé : mandarins, haut fonctionnaires, aristocratie royale, médecins, riches commerçants… Mais, pour y rentrer, l’origine sociale ne suffit pas : il faut réussir un concours d’entrée sélectif (toujours en vigueur aujourd’hui). L’obtention du diplôme primaire supérieure franco indigène, à la sortie, est lui aussi un objectif difficile, surtout pour les rédactions en français et les mathématiques..

Les cours étaient en français. L’ambiance y était excellente et même les punitions collectives étaient vécues comme des moments d’intense plaisir.. On y rit, on plaisante, on chante.. Autant de plaisirs permis par cet enseignement venu de France où la liberté tranche avec le confucianisme d’alors qui interdit ou limite fortement tous ces plaisirs. « La vertu féminine consiste en l’absence de talent » pourrait-on ainsi résumer les 4 vertus confucéen : habilité aux travaux ménagers, sérieux du visage et de l’apparence, parole douce et soumise, virginité puis fidélité à l’époux. « Les livres de dédicaces », ces cahiers de souvenirs que chaque éléve fait remplir par ses camarades et professeurs puis garde jalousement comme trésors, sont des rélévateurs de ces années de bonheur…

Cette vie privilégiée, presque hors du temps, n’empêchait pas les jeunes filles de manifester un fort soutien aux idées révolutionnaires et aux appels patriotiques. Sans renier leur éducation « à la Française », la plupart participeront aux luttes engagées contre les Français puis les Américains.

Aujourd’hui, le lycée est mixte (depuis la fin des années 60) et, sans atteindre la réputation du lycée national (Quoc Hoc), son voisin prestigieux, il reste dans le trio de tête des meilleurs lycées de la ville.

Pour en savoir plus, lire l’article « souvenirs de collégiennes » mis en ligne par Clio (lecture payante)

En visitant les salles de classe, je tombe sur un curieux cours de français… l’école compte aujourd’hui 2 professeurs de français, mais les cours sont proposés dorénavant en cours du soir.

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