Dans le Vietnam féodal, l’empereur régnait, les mandarins administraient.
Pour devenir mandarin, il fallait réussir un concours qui se tenait en général tous les 3 ans. Le premier concours avait été institué en 1078 et les français y ont mis fin en 1919. Les concours étaient ouverts à tous les hommes. Les épreuves comportaient des dissertations littéraires, morales, politiques, la composition d’un poème, la rédaction de textes administratifs.. La morale confucéenne était la base de ces épreuves.
Proclamation des lauréats lors du concours triennal de Nam Dinh en 1897, colorisation d’une photo d’A. Salles, source Gallica
Des concours régionaux décernaient des titres de bacheliers et de licenciés. Ceux-ci avaient ensuite le droit de se présenter aux concours impériaux qui se passaient à la capitale, sous la haute autorité de l’Empereur lui-même, pour les titres de doctorat.
Les candidats se pressaient par milliers dans les centres régionaux, chacun venait avec une tente, une tablette, s’installait avec les autres sur un vaste terrain réservé à cet effet. Du haut de grandes guérites, les mandarins examinateurs surveillaient les candidats, et des miliciens faisaient la ronde pour enrayer toute tentative de fraude.
II y avait beaucoup de candidats, très peu d’élus, à peine une centaine sur plusieurs milliers dans les concours régionaux. En presque un millénaire, il avait été décerné seulement deux mille titres de doctorat. On peut encore voir aujourd’hui quelques-unes de leurs stèles au temple de la littérature à Hanoi ou à Hué.
Quand les lauréats rentraient au village natal, les autorités locales et la population les accueillaient, musique et drapeaux en tête, et toute la population allait à leur rencontre. Devenir mandarin a été pendant des siècles le rêve suprême de la jeunesse masculine. Car c’était beaucoup plus qu’une réussite universitaire: le lauréat sortait des rangs du peuple pour entrer dans la caste des mandarins.
Retour d’un lauréat en ville, en 1897, colorisation d’une photo d’A Salles, source gallica
Car le mandarin est beaucoup plus qu’un fonctionnaire assis derrière son bureau. La vie du mandarin se situait pour ainsi dire à mi-distance entre celle du seigneur féodal et celle du fonctionnaire moderne. La résidence mandarinale était à la fois bâtiment administratif et logement familial. Quand il sortait, deux ou trois gardes le suivaient, porteurs d’enseignes, de parasols, et devant ce décorum, les gens s’écartaient et saluaient respectueusement. Quand il allait voir le mandarin, l’homme du peuple se trouvait face à un représentant de la majesté impériale. Le déploiement de bannières, d’enseignes, d’armes, d’inscriptions en lettres d’or, toute une étiquette faite de gestes, de formules obligatoires l’incitaient à courber la tête, à baisser le ton de la voix.
Mandarin avec ses attributs, en tournée (photo colorisée)
Les milliers de candidats malheureux aux concours mandarinaux retournaient au village et continuaient inlassablement à préparer le concours suivant. Ainsi on voyait des lettrés se présentaient fort âgés et affronter les mêmes épreuves que des jeunes gens âgés de 18 ans. Mais il fallait aussi gagner sa vie. Mais quand on avait fait des études pendant de longues années, il n’était plus de mise de tenir la charrue ou des outils d’artisan, encore moins de pratiquer un négoce. L’administration royale vous dispensait de toutes les corvées. On restait un lettré pour le reste de ses jours. Alors on se faisait précepteur, maître des cérémonies, écrivain public. Certains devenaient médecins, faisaient de la géomancie, ou excellait dans le théâtre local. Mais la fonction la plus honorable était celui de maître d’école. A cette époque, l’Etat ne s’occupait pas des écoles laissées entièrement à l’initiative privée. Mais la soif d’apprendre était telle que les écoles existaient partout. Les enfants du village venaient là pour apprendre à lire, à écrire, à réciter par cœur les textes classiques. Les plus avancés apprenaient à disserter sur les thèmes traditionnels de la doctrine confucéenne. Même les familles pauvres faisaient leur possible pour envoyer leurs enfants (du moins les garçons) en classe, au moins pour apprendre quelques maximes. Partout c’était le système du maître unique et de la classe unique. Dans un coin, des enfants ânonnaient quelques idéogrammes qui devaient leur inculquer les fondements de la morale traditionnelle, pendant que le maître commentait pour des hommes quelquefois très âgés des textes ardus, les préparant aux grands concours. Le nombre des élèves dépendait essentiellement de la notoriété du maître. Les grands lettrés jouissaient d’une réputation et d’une audience nationale.
Bonjour Messieurs,
Mon grand-père maternel N’Guyên Van Canh était Tri Phù (Préfet médecin), que les Japs lui ont demandé de se suicider car il avait pris partie pour les Français.
Où puis-je trouver sa stèle ou son statut ?
Merci de m’aiguiller.
Mes bien sincères salutations.