Mgr Cassaigne, un missionnaire au service des lépreux

Le souvenir du Père Cassaigne est toujours aussi vivant, comme en témoigne la récente publication d’un remarquable ouvrage de photos historiques. Il faut dire que le Père Cassaigne est aimé tant en France qu’au Vietnam, et qu’une procédure de béatification a été décidée par les évêques vietnamiens en 2019.


Le Père Cassaigne en 1956

Mais revenons au début de son histoire. Jean Cassaigne est né en 1895 dans les Landes. Il a très vite l’esprit missionnaire et intègre les MEP en 1920. Il est nommé en Indochine en 1926 et rejoint les Haut Plateaux en 1927 avec pour mission de créer un nouveau poste à Djiring (Di Linh aujourd’hui), non loin de Dalat, auprès des ethnies minoritaires. Pas facile de se retrouver seul au milieu d’une nature hostile avec des montagnards démunis de tout. Il doit apprendre leur dialecte, le K’ho, et s’attache à publier les premiers lexiques de conversation. Mais son action est ébranlée à la suite de la mort d’une lépreuse, mise au ban de sa communauté. Il décide alors d’aider ces exclus en fondant une léproserie sur un terrain à quelques kilomètres de Djiring. Il veut sortir les lépreux de leur isolement et leur demande de participer à sa construction. Les chefs des villages aux alentours s’associent aussi au projet. En mars 1929, 16 paillottes sont construites, accueillant 21 lépreux. L’entraide gouverne la vie quotidienne. Les plus vaillants aident les plus atteints. Le père Cassaigne crée aussi une atmosphère de joie en organisant des fêtes. Les lépreux sont devenus « des personnes ». Des amis du père Cassaigne lui offrent une Citroën 5cv Trèfle. Elle servira aussi à faire fonctionner un projecteur de cinéma et diffuser les films de Charlot aux lépreux. Le succès est immédiat, les lépreux retrouvent la joie de vivre et le plaisir de rire. L’institut pasteur fournit les médicaments et l’administration finit par soutenir financement la léproserie. Bien sur, la dimension spirituelle de l’œuvre n’est pas oubliée. « La vocation d’un missionnaire, c’est d’aider et servir les malheureux et par la charité, les amener au Christ ». De fait, la plupart des lépreux se sont convertis au christianisme avant de mourir.


Le Père Cassaigne dans son bureau en 1926


La léproserie de Djiring en 1952, après la reconstruction

Les années passent, la léproserie prend de l’ampleur. Mais la maladie n’épargne pas le père Cassaigne. Il souffre depuis le début de fréquentes crises de paludisme qui le font souffrir. Il doit repartir en 1932 plusieurs mois en France pour se reposer. En 1938, il reçoit le soutien des religieuses qui viennent l’épauler dans la léproserie.


Le Pere Cassaigne (à droite) au milieu des siens avec le Père Parrel de Cai Mong en 1926

Ce qu’il appelle « une tuile » finit par se produire. Il est nommé vicaire apostolique (c’est-à-dire évêque) de Saigon en 1941. Lui, heureux au milieu des siens, habitué à la vie en brousse, se voit propulser au milieu des mondanités et des affaires du monde ! Son sacre en la cathédrale de Saigon vit la présence d’une délégation de ses chers montagnards, venus en costume « local ». Saigon en a gardé le souvenir pendant longtemps.
Le père Cassaigne, devenu Monseigneur, allait rester 14 ans à ce poste, assistant à tous les événements dramatiques de l’époque : l’occupation japonaise, le coup de force du 9 mars 1945, les combats avec le vietminh, la guerre d’Indochine… Il apportera du réconfort à tous aux souffrances de la guerre. Par ses actions, il en a impressionné plus d’un et notamment les occupants japonais. Le colonel Amano, officier responsable des liaisons avec les Français, finira même par se convertir au catholicisme à son retour au Japon.


Lors du « sacre » à Saigon, en 1941

Fin 1954, il découvre qu’il est atteint lui aussi de la lèpre. Il démissionne en mars 1955 pour reprendre son poste à Djiring. Il restera auprès de ses lépreux jusqu’à son décès, fin octobre 1973. Il est inhumé au milieu du village des lépreux.


L’église de Djiring en 1941

Aujourd’hui, le village existe toujours. Il est géré conjointement par les autorités vietnamiennes et les Filles de la charité Saint Vincent de Paul. La tombe du Père Cassaigne y est toujours honorée. Son souvenir reste vivace au sein de nombreux Vietnamiens.

En France, l’association « les amis de Mgr Cassaigne » est très active. Elle est à l’ origine de la publication du très beau livre dont sont tirées les photos présentées dans cet article. Le livre, riche de 162 photos, peut être commandé sur le site de l’association https://www.helloasso.com/associations/les-amis-de-mgr-jean-cassaigne/

Sources:
– photos: extraites du livre « Jean Cassaigne, l’évêque des lépreux », avec l’aimable autorisation de l’association.
– texte: d’après le site Ifra et le livre « La Lèpre et Dieu, Jean Cassaigne », de Louis et Madeleine Raillon.

A voir aussi:
– article de la revue Indochine parue en 1943 : ArticleIndochineCassaigne1943.pdf
– autre article, également paru dans la revue Indochine:leproserieDjiring.pdf
– carte du Haut Donai vers 1943, revue Indochine : carteDjiring1943RevueIndochine.pdf

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