C’est grâce à sa petite fille que l’histoire de Peter Hauff est sortie de l’oubli avec un livre publié il y a quelques années à Bangkok. Et c’est grâce à la persévérance de Jean Michel Strobino que ce récit est parvenu jusqu’à nous. Une belle histoire faite d’aventures, de succès et de beaucoup d’épreuves, à chaque fois surmontées grâce à une grande force de caractère et une détermination sans faille. Un bel exemple pour les générations futures.
Car la vie de Peter Hauff est d’une incroyable richesse. Pas moins de 38 pages sont nécessaires à JM Strobino pour en faire le résumé !
A mon tour d’en effleurer le sujet que vous pouvez lire en totalité en cliquant sur le lien qui suit (pdf 1,4 meg)…
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Peter Hauff est norvégien, né en 1873. Son père est capitaine au long cours. Sans surprise avec une telle parenté, Peter va voyager ! Il part très vite à Londres pour travailler dans une maison de commerce. A 20 ans, il embarque à Marseille pour le grand large, cap vers Saigon ! La bas, il découvre les habitudes des coloniaux français, apprend les langues locales (annamite, malais..). Il est l’un des rares à pouvoir s’introduire dans la communauté chinoise de Cholon.
A 25 ans, il décide d’aller explorer le Mékong à la recherche de débouchés commerciaux. Certes, l’expédition Doudard de Lagree a eu lieu 30 ans auparavant, mais le Mékong et ses terres associés restent encore des territoires largement inconnues. Il parcourt ainsi le Laos jusqu’à l’actuel Pakse.Il découvre que l’essentiel du commerce est détourné vers le Siam (actuel Thailande) au dépend de la Cochinchine. Il décide donc de se lancer dans le commerce le long du fleuve. Pour cela, il s’associe avec un suisse. Tout deux retournent en Europe pour acheter des marchandises. De retour à Saigon fin 1898, ils démarrent leur campagne commerciale en chaloupe, suivi de 9 petits bateaux transportant une centaine de grosses caisses. Ils arriveront 3 mois plus tard à Vientiane qui ne compte, à cette époque, que 2 résidents français permanents. Leur entreprise est un succès total.
La maison de Peter Hauff a Vientiane en 1902
De 1899 à 1905, en plus de s’être marié à une laotienne, Peter parcourt le pays dans tous les sens, à travers de véritables aventures humaines et exploits techniques. En 1899, il descend le fleuve jusqu’à Khone sur un immense radeau de bambou construit par lui pour transporter 40 tonnes de marchandises ! En 1901, à la tête de 14 éléphants, il entreprend une exploration du haut Laos pour trouver une route plus directe entre Vientiane et le port de Haiphong.
En 1902, pour concurrencer les Messageries Fluviales, il entreprend de construire son propre bateau, un vapeur de 14 mètres. Ce bateau sera construit en Angleterre et acheminé en segments jusqu’à Saigon. Désertion de l’équipage, obstruction des Messageries qui font tout pour empêcher l’émergence d’un concurrent, Peter Hauff est bloqué aux chutes de Khone. Avec une détermination incroyable, il va réussir l’impossible : le passage des chutes de Khone. Il sera le premier à le faire après les nombreuses tentatives infructueuses des français.
Le plan du bateau vapeur (photo transmise par la famille à JM Strobino)
Hélas en 1902, une révolte éclate et il perd beaucoup d’argent. Ses associés meurent de maladies, leur maison de commerce, autrefois si prospère, est liquidée. Peter Hauff rebondit en se faisant confier le transport par le Mékong jusqu’à Saigon de 1200 troncs de tecks. Il mettra plus d’un an à accomplir sa tache.
Il laisse le Laos de coté pour s’installer à Saigon ou il vivra avec sa nouvelle famille pendant 20 ans. Il occupera plusieurs fonctions, notamment comme directeur de la maison de commerce Mottet et Cie, bien connue des amateurs de cartes postales anciennes.
En 1929, à 56 ans, il décide de rentrer en Norvège puis s’installera à St Raphael en France. Il se lance alors dans de nouvelles affaires prospères. Mais la guerre stoppe net ses ambitions et sa villa est occupée par les allemands. Apres guerre, harcelé par ses créanciers, il vivra presque misérablement. Il meurt en 1951. A sa succession, sa fille récupère les souvenirs de son père et les emmène avec elle. Presque 50 ans plus tard, la petite fille de Peter Hauff publiera l’histoire de sa vie..
Sources: les photos proviennent toutes de l’article de JM Strobino, paru en primeur dans un hors série de l’Association Internationale des Collectionneurs des Timbres Poste du Laos (AICTPL). Lire l’article pour l’exhaustivité des sources.
Cet article est présenté sur ce blog avec son aimable autorisation.