Catégorie «Indochine»

L’Indochine en dessins…

Les dessins en couleur réalisés du temps de l’Indochine ne sont pas si nombreux pour qu’on les laisse dans l’ombre… C’est le Vietnam d’autrefois qui re-apparait pour notre plus grand plaisir.


Tireur de pousse faisant la sieste..

Ces dessins proviennent de l’école d’art de Gia Dinh (Saigon) et ont été publies en 1935 dans un ouvrage intitulé « Monographie dessinée de l’Indochine ». J’ai découvert pour la première fois cet ouvrage à Saigon lors d’une exposition organisée en 2007 avec le soutien de la France. Mais impossible de trouver la bibliothèque qui possédait ce précieux document.. Depuis, cet ouvrage fait courir tous les amateurs de l’Indochine. Jusqu’à la mise en ligne récente des dessins par un heureux amateur qui a pu consulter l’ouvrage dans une célèbre librairie à Paris. D’après lui, il existerait 8 portfolios comprenant chacun 40 dessins. Les 40 planches présentées en ligne sont déjà un trésor.

Les français ont créé aux environs de Saigon l’école de Bien Hoa en 1903, spécialisée sur le travail du bronze et de la céramique, l’école de Thu Dau Mot en 1911, dédiée au travail du bois. Toutes les deux sont des écoles de premier dégrée, des écoles techniques. Celle de Gia Dinh est créé en 1913 et a pour vocation de former des professeurs de dessins. La célèbre école des Beaux Arts de Hanoi fut créé bien plus tard, en 1924.

Vous trouverez l’intégralité de ces dessins sur le site: http://www.echronics.com/index.php/fr/photographie/ads-publication/177-monographie-dessin-indochine-university-fine-arts-hcmc#!prettyPhoto

Voici quelques extraits:


Le bain


Fumeur d’opium


Pharmacie traditionnelle

Vente aux enchères sur l’Indochine à Drouot

Le 23 mai prochain aura lieu une vente aux enchères à Drouot consacrée entièrement à l’Indochine. L’exposition publique aura lieu le samedi 21 mai et le 23 au matin.


Le pont tournant de Saigon et l’arroyo chinois (Illustration du dossier de présentation)


Ci joint le dossier de présentation de la vente.
VenteIndochineHD

Un catalogue sera publié.

Un courrier mémorable de 1933 !

Les vietnamiens, aujourd’hui comme hier, excellent dans l’art de le prose lorsqu’il s’agit de politesse.. La plainte qui suit a été envoyée en 1933 au gouverneur de la province suite à un regrettable incident de chasse où quelques plombs sont venus tuer le brave petit chat du signataire de la plainte…

La scène se passe à Ban Me Thuot, situé sur les haut plateaux du centre Vietnam. A l’époque de l’Indochine, cette province fut l’une des régions les moins fréquentées, car difficile d’accès et peuplée de tribus « sauvages ». L’émetteur de la plainte est un « Rhadé », pour qui les gongs (instrument de musique), les jarres ( pour l’alcool de riz..) et les buffles constituent les principales richesses matérielles…

Ce courrier a été transmis par la famille du « fautif », haut fonctionnaire de l’Indochine à l’époque. L’intitule du document  » plainte imaginaire d’un rhadé dont j’avais tué par mégarde le chat  » laisse peu de doute sur l’issue de la requête…
Bonne lecture !

Effondrement de l’ancienne loge maçonnique de Hanoi

C’est un miracle que les bâtiments coloniaux ne s’écroulent pas plus souvent, car la plupart sont dans un état précaire.. mais le 22 septembre dernier, la vieille bâtisse du 107 Trang Hung Dao à Hanoi n’a pas résisté à la nouvelle saison des pluies et s’est écroulée. Cet effondrement provoqua la mort de 2 personnes et de nombreux blessés. Ce bâtiment, situé à quelques centaines de mètres de la gare, était occupé par les services administratifs du chemin de fer. Mais son style, sa dimension révèlent une histoire bien plus riche. Ce fut en effet le siège de la loge maçonnique du Tonkin, construit en 1905.


Carte postale du bâtiment au siècle dernier (source internet)

La franc maçonnerie s’est implantée dès l’arrivée des français au Tonkin en 1887. Durant la présence française, il est surprenant de voir que la plupart des hauts fonctionnaires en faisaient partis. 22 des 32 gouverneurs généraux d’Indochine, six des huit hauts-commissaires, les quatre commissaires généraux, neuf des seize gouverneurs militaires, ont appartenu à la franc-maçonnerie. La loge de Hanoi fut construite grâce à la générosité de Paul Beau, gouverneur général de 1902 à 1907.


Vue du bâtiment effondré (source internet)

Au début du siècle dernier, les francs maçons s’attaquent au clergé et à sa richesse. Ils s’activent en faveur d’une éducation laïque car les institutions scolaires en Indochine sont trop souvent la propriété des catholiques.

On peut lire par exemple dans l’ouvrage de Van Raveschot en 1906 : « en fait de civilisation, d’émancipation, d’éducation, M. Doumer [Gouverneur General de 1897 a 1902] s’appliqua surtout à favoriser, à fortifier l’action rétrograde et abrutissante, les entreprises commerciales des missionnaires, à leur permettre d’accaparer, de voler toutes les terres dont ils avaient envie. Au lieu de fonder des écoles et de laïciser les établissements hospitaliers ou autres, M. Doumer préféra subventionner largement les missions catholiques et leur donner ainsi, aux yeux de la population indigène, l’apparence d’être sous le contrôle et la protection de l’Etat, de dépendre officiellement de l’Administration française. » (« La franc maconnerie au Tonkin et les agissements des missionnaires en Extreme Orient »)

Les missions sont souvent prises à partie par les francs maçons car les prêtes sont accusés de jouer « contre leur camps ». Ils favorisent par exemple l’apprentissage du Ngoc Ngu (la langue actuelle) au dépend de la langue française (1). Les missionnaires espagnols, présents dans le nord Vietnam sont particulièrement visés. Mais ces discussions n’aboutissent pas à des décisions politiques, la laïcité « n’étant pas une valeur d’exportation ». Ainsi, la loi de séparation entre l’église et l’état de 1905 .. n’est pas appliquée en Indochine, par pragmatisme.

Les loges sont peu ouvertes aux vietnamiens d’origine. Ceux-ci sont davantage accueillis en France pour ceux qui ont la chance de s’y rendre… On sait que le leader Ho Chi Minh et l’ex empereur Duy Tan furent initiés dans des loges de Paris, respectivement en 1922 et 1927. D’autres étudiants vietnamiens ont défendu la cause nationaliste dans ces loges. Les choses évoluent à la fin des années 20 et les loges vietnamiennes s’entrouvrent ou sont créés pour accueillir l’élite locale. Pham Quinh, patriote et francophile, ministre de Bao Dai et tué par le Viet Minh en 1945, en fera parti.


Autre vue

La période Pétainiste sous l’Amiral Decoux est un coup dur porte aux francs macons. Les listes de membres, présents ou passés, sont publiés, et ce qui en font toujours partis sont mis à l’index.

Apres 1945, les loges maçonniques sont clairsemées. Il n’y a que 7 membres à la Fraternité Tonkinoise à Hanoi en 1949. A Saigon, on change les règles, pour limiter le nombre de fonctionnaires et renforcer la présence des colons. Apres le départ des français, il ne reste que 2 loges à Saigon. Elles survivent difficilement dans les années Diem, hostile à toute présence française. En 1975, le basculement de toute l’Indochine dans le communisme met un terme aux activités maçonniques.

(1) voir le livre de Camille Paris « Missionnaires d’Asie : œuvre néfaste des missions », disponible en ligne sur Gallica

Sources :
– Eda, Agence d’informations des Missions Etrangères de Paris,
– Francs – Maçons d’Indochine 1868-1975, Jacques Dalloz, Edition Maconique

Les trésors de nos musées (suite)

Voici un ouvrage d’autant plus magnifique qu’il n’existe pas d’équivalent au
Vietnam : l’armée de campagne sous le règne de l’empereur Tu Duc, riche de plus de 40 pages d’illustrations en couleur.

Ces illustrations ont été faites par un certain R Bolliand à la gouache, « d’après les documents fournis par le ministère de la guerre à Hué ». Sans doute dans les années 30 compte tenu du style des polices d’écritures et de la couverture de l’ouvrage.

Ces dessins se présentent sous la forme d’une longue frise repliée en accordéon montrant des plans de l’armée et les différents costumes.

Un ouvrage qui pèse 3,2 kilos, avec d’honorables dimensions, 36,5 cm de coté.

Rappelons que Tu Duc est le 4eme empereur de la dynastie Nguyen et qu’il régna de 1847 jusqu’à sa mort en 1883, soit 36 ans. Fragile physiquement, il ne sortit jamais de sa capitale de Hué, mais il eut à faire face à de nombreux conflits, principalement contre les français : attaque de Tourane en 1856, prise de Saigon, attaques des provinces du delta du Mékong. Mais aussi vis-à-vis d’une révolte au nord Vietnam d’un pseudo descendant des Lê qu’il finit par mâter en 1863. Autant d’événements qui conduisirent ses armées à intervenir.

Ces illustrations montrent une armée riche en pavillons avec des troupes aux costumes très colorés. Des gongs, des piques, des fusils, des petits chevaux et des éléphants. Il y avait encore probablement plus de 500 éléphants de combats au début du règne de Tu Duc.

J’espère que nous pourrons organiser un jour à Hué une exposition pour faire découvrir au plus grand nombre ce trésor qui sommeille dans nos musées…

Vous pouvez accéder à la totalité de l’ouvrage sur le site du musée du Quai Branly :
http://collections.quaibranly.fr/#1b3f6434-6ec6-497a-a694-f1dda9b5c87b

Fête des enfants !

La fête des enfants – ou la fête de la mi-automne – vient de se terminer.. elle se déroule tous les ans au 15eme jour du 8eme mois lunaire. C’est une festivité à ne pas rater au Vietnam, car les rues sont envahies de danses de dragon dans une atmosphère de liesse pour les petits et les grands..

Autrefois, les pâtissiers préparaient des gâteaux en forme de lune et toute une panoplie de friandises sucrées, comme en témoigne cette photographie prise dans la rue du sucre à Hanoï dans les années 20:

De même, les jouets en fer blanc étaient nombreux et particulièrement attractifs auprès des jeunes enfants.

Le musée du Quai Branly conserve dans ses réserves quelques superbes spécimens visibles sur les photos et qui datent des mêmes années:

La caractéristique de cette fête reste quand même les lanternes en papier, accessibles à tous …

Un poisson lanterne en bambou et papier huilé…

Les danses du dragon étaient sans doute moins sophistiquées qu’aujourd’hui, mais peut être plus bruyantes avec les pétards qui sont dorénavant interdits…

Toutes les photos proviennent du site http://collections.quaibranly.fr/