Catégorie «Religion»

Objets votifs à Hué

Plus encore que dans le reste du Vietnam, Hué est vraiment l’endroit où l’on brûle le plus d’objets votifs ! Les traditions restent fortes ici, et l’on prend très au sérieux le rituel des cérémonies de culte. Cérémonies bouddhistes 2 fois par mois, culte des ancêtres, offrandes faites aux génies protecteurs.. les raisons de ces rituels sont diverses et nombreuses.


Petits chevaux pour aller plus vite


Les bateaux sont des objets essentiels à Hué pour circuler sur les rivières, canaux ou en mer

Dans tous les cas, il s’agit de fournir à ses ancêtres, aux génies protecteurs, aux âmes errantes de quoi les satisfaire et les apaiser. De cette manière, on chasse les mauvaises influences qui pourraient venir troubler la vie de votre famille ou le succès d’une entreprise.


Offrir de la compagnie pour ses ancêtres…

Ainsi tous les mois, ce sont des tonnes de papier qui partent en fumée… Le feu est le moyen qui permet la transmission des objets aux esprits, accompagné des prières qui vont bien.


Un cheval peut coûter jusqu’à 30 euros…

Ne vous aviser pas d’acheter ces objets pour les offrir à vos amis ! Non ! Cela ne doit servir qu’à honorer la mémoire des défunts et permettent à ceux ci de bénéficier dans l’au delà de tous les objets matériels dont ils pourraient avoir besoin… Ainsi, au delà des nourritures terrestres, on peut offrir des objets qui viennent du passé (chevaux, armures, arc.. ) ou du temps présent (moto, valise…) . On offre aussi de la compagnie pour que les ancêtres soient bien entourés.


Chapeaux Tonkinois…

N’allez pas croire que cela relève du folklore ! Apaiser les esprits pour que toute les actions présentes se passent bien est essentiel. Il y a quelques temps, le démontage d’un parc d’attraction avait entraîné catastrophes sur catastrophes (accidents mortels, incidents en tout genre) … Ce ne fut qu’après de nombreuses séances d’offrandes et de prières rituelles que les travaux ont pu reprendre en toute sérénité.

Ces objets sont fabriqués artisanalement un peu partout en ville et à la périphérie. Cela fait travailler beaucoup de monde.


Cérémonie d’offrandes


Autel impressionnant pour une cérémonie ordinaire devant un hôtel ordinaire… rien ne manque: cigarettes, bétel, bâtons d’encens, objets votifs (éventails, bottes de mandarin, lingots, papier monnaie..), alcool de riz et une abondance de nourriture (dont crabes vivants, brochettes de petits poissons, bière…), fleurs…


Autre cérémonie pour l’inauguration d’une nouvelle activité vietnamo-coréenne

Nord Vietnam: l’église de Phat Diem

La plus connue des églises est celle de Phat Diem, construite entre 1878 et 1895 par le Père Six. C’est un chef d’œuvre de l’art annamite et la fierté de la population locale.

La construction de cette église exigea des efforts titanneques car située dans le delta du fleuve rouge, zone spongieuse formée de limons accumulés années après années. Ainsi, pour assurer les fondations, il a fallu enfoncer des madriers et des pierres des années durant avant de pouvoir stabiliser les terrains (fondation à 35 métres). Les pierres et le bois ont été acheminés par bateau, depuis d’autres régions.

D’une intelligence remarquable et maitrisant parfaitement notre langue, ce curé vietnamien fut utilisé comme diplomate par le roi Tu Duc, pourtant persécuteur des catholiques, avec les Français qui, dans les années 1880, ont entrepris la conquête du nord Viêtnam. Le Père Six commença par bâtir quelques chapelles pour tester ses notions empiriques d’architecture, puis finit en apothéose avec la cathédrale.

Celle-ci est longue de 80 mètres de long, 24 de large, et 16 de haut.

A l’entrée de la cathédrale, 5 bénitiers, tous honorés d’une sentence latine.Cela fait plaisir de retrouver une langue de chez nous, plus facile à comprendre que le vietnamien !

En savoir plus sur cette cathédrale ?
http://belleindochine.free.fr/PhatDiem.htm

Nord Vietnam: le temps des cathédrales

Avec le temps, ces églises sont devenues trop petites (une famille compte en moyenne 4 à 5 enfants…) et, pour certaines d’entre elles, nécessitaient d’importants travaux de rénovation dus à la dureté des conditions climatiques (inondations, chaleur, pluie et humidité). La fierté de chaque « clocher » a fait le reste : chaque village s’orgeuille d’avoir une église toujours plus grande, toujours plus belle que celle du village voisin… Depuis 1975, date de la fin de la guerre, 60% des églises ont été reconstruites et agrandies.
Quand on sillonne la campagne, partout l’on voit des chantiers en cours. Au Vietnam, il n’est pas toujours aisé pour l’église catholique de construire des églises, en raison de l’opposition des autorités locales. Ici, les catholiques sont partout, y compris dans les administrations, et l’obtention de permis de construire ne posent plus de problémes.


Photo de l »ancienne église


Le « démontage » de l’église

La village ou je suis resté pendant une semaine est, à ce titre, un très bon exemple. Ninh My compte 2600 habitants, dont 2000 catholiques. L’église d’origine, qui date du début du XXéme siécle, est devenue trop petite. Le village vit uniquement de l’agriculture et n’est pas très riche. Mais peu importe ! Le conseil paroissial a décidé la construction d’une nouvelle église en remplacement de l’ancienne. Mais pas une église ordinaire, non, une église construite dans le style local, avec une charpente en bois.


Le travail du bois, un spectacle étonnant !

Le projet est estimé à 1,3 million d’euro, une fortune pour le Vietnam. Il n’y a plus de bois de fer en Asie ? peu importe, on l’importera d’Afrique! Chaque colonne, haute de plus de 8 métres, coute 7000 usd… Tout le village est sollicité pour ce chantier. Les artisans sont priés de travailler presque « gratuitement », les « viet kieu », ces anciens « boat people » qui vivent à présent à l’étranger sont activement sollicités. Sous l’impulsion du jeune curé (36 ans), un site internet est né pour tenir au courant les donateurs étrangers de l’avancée des travaux (ninhmy.net).


La nouvelle église en cours de construction

Localement, la dévotion de chaque famille est mise à l’épreuve par les « appels aux dons ». Tout est public, pour stimuler l’orgeuil de chacun : l’annonce des dons durant la messe, la remise de diplôme aux donateurs les plus généreux.. Ainsi, la mére de mon amie, qui n’a aucune ressource mais qui doit veiller sur 7 enfants, s’est sacrifiée pour offrir 75 euros, soit l’équivalent d’un mois et demi d’un salaire ordinaire… Toute l’épargne de plusieurs années est consacrée à ce chantier pharaonique. Mais la religion catholique est au coeur de la vie des paroissiens.. Dons matériels aujourd’hui, dons de soi autrefois comme martyr…

Dans cette partie du Vietnam, on construit des églises. Ailleurs, on préfére aider les gens. Dans ma paroisse à Hué, il a fallu 25 ans pour finir la cathédrale. La paroisse organise des distributions de riz tous les mois et 150 enfants recoivent des bourses d’études


Procession lors d’une fête religieuse


Moment de détente avant la procession

Nord Vietnam : une terre d’églises…

A 80 km au Sud Est de Hanoi, dans les diocéses de Phat Diem et Bui Chu, se trouve la plus grosse concentration au monde d’églises catholiques. Pas moins de 1200 églises dans une superficie qui ne dépasse pas la moité d’un département francais ! Nous sommes en plein cœur du delta du fleuve rouge, une zone agricole par excellence, et partout où porte le regard se trouve une voire deux églises, souvent comparables, en taille, à des cathédrales…

C’est dans cette région qu’à commencé l’évangélisation du Vietnam. 1533 fut la date d’arrivée du premier missionnaire européen. Mais c’est surtout à partir du 17éme siécle que le catholicisme a progressé, notamment avec Alexande de Rhodes, célébre pour avoir « latinisé » la langue vietnamienne. Les persécutions y furent aussi très nombreuses, jusqu’à l’arrivée définitive des francais en 1883. Parmi les 117 martyrs canonisés en 1988 par Jean Paul II, nombreux sont ceux qui ont œuvré dans cette région.

Aujourd’hui 70% de la population de cette région est catholique, alors que la moyenne au Vietnam ne dépasse pas 7%.


La cathédrale de Bui Chu, la deuxième plus vieille église du secteur, date de 1885

Les plus anciennes églises encore débout sont postérieures à 1871. Toutes ces églises réprésentent un ensemble architectural exceptionnel. 298 églises possédent une charpente en bois « de fer » ou bois de lim, dont les propriétés sont remarquables : imputréscible, d’une jolie couleur, très lourd (ce bois coule lorsqu’il est dans l’eau) et stable face aux variations hydrométrique. Il est l’un des rares bois à résister assez longtemps aux attaques des termites. Quelques églises possédent aussi des structures en pierre et marbre.

Les clochers, pigeonnier, presbytères, porches de cimetières sont aussi des vestiges du temps passé.


un presbytère dans la campagne


Pigeonnier près de la cathédrale de Bui Chu

Une bien jolie fête Bouddhiste !

Il y a quelques jours s’est déroulée la fête de la naissance de Bouddha, un peu l’équivalent de Noël chez les catholiques.

Toute la semaine, les bouddhistes ont décoré leur maison de lanternes faites localement..


Les achats se font en famille…


Les enfants sont bien utiles pour le transport des lanternes !!!

Et sur l’eau, la magnificence des bateaux spécialement décorés pour l’occasion


Au fond de la photo, un faux cheval blanc, mais une vraie cavalière !

La drapeau très coloré est le symbole du Bouddhisme dans le monde depuis 1950.

C’est probablement à Hué que cette fête est la plus visuelle, en raison du nombre très important de pagodes. C’est un peu la capitale spirituelle du Bouddhisme au Vietnam… Chose étonnante au Vietnam, peu enclin à encourager les religions, les autorités locales participent activement à la promotion de cet évènement.


Cérémonie à la pagode Tu Dam

Pendant toute une semaine, plus de 50 bateaux, décorés par les principales pagodes de la ville, vont naviguer sur la rivière et embellir la ville. La fête se terminera par un lâcher de lumignons sur l’eau..


Procession nautique sur le canal Dong Ba, depuis la pagode Dieu De

La bouddhisme, principale religion du Vietnam, reste néanmoins sous la surveillance des autorités. Autant les catholiques sont remuants sur des questions de restitutions foncières, autant certains bouddhistes sont très sensibles sur la question des libertés. Ainsi, en marge de l’église officielle (dont les valeurs sont « le Dharma, la Nation, le Socialisme »…), certaines voix se font régulièrement entendre. La tendance à la contestation ne s’est pas arrêtée à l’immolation d’un bonze de Hué en 1963 face à l’autoritarisme du Président Sud Vietnamiens Ngo Dinh Diêm. De nombreux dissidents vivent à présent aux Etats Unis et en France et se font régulièrement entendre…


La fleur de Lotus, symbole des Bouddhistes

Vietnam: le culte de la Déesse Mère

La vénération de la Déesse Mère reste très vivace au Vietnam, principalement à Hanoi et dans le Nord Vietnam.

Les croyants sont convaincus que la Déesse est la Mère de tous, et que sa vénération apporte réconfort, santé, prospérité, bonheur… Elle protége des calamités naturelles, de la malchance, des maladies.. A la différence des autres cultes, les vœux sont exaucés durant la vie du croyant.

Son culte se pratique un peu partout, aussi bien dans de vastes temples ou palais que dans simples pagodes ou modestes autels familiaux… Sur les photos présentées, la cérémonie se déroule à Hanoi, dans l’une des nombreuses pagodes du quartier des corporations. Le culte est pratiqué par toutes les classes sociales.

A noter également le rôle central de la femme dans ce culte : la femme est au centre de l’univers, elle règne sur les éléments des 4 mondes: ciel, terre, eau, montagne et forêt. La Déesse Mère est la divinité suprême qui s’est réincarnée en plusieurs déesses pour régner sur tous ces éléments.

Le 10e prince a une robe jaune symbolisant le Palais de la Terre. Selon la légende, il était général de l’armée de la dynastie des Lê. Il excellait en arts martiaux, et en littérature et il a réalisé de grands exploits. Il apparaît comme un personnage majestueux et intelligent.

La Déesse Mère recommande d’avoir un « cœur pur » c’est-à-dire de vivre honnêtement, d’être généreux, de se comporter dignement, de vénérer les ancêtres, d’être reconnaissants… Pour symboliser ce respect envers la Déesse Mère, les adeptes lui offrent des offrandes: fleurs, objets votifs, plateaux d’offrandes..

L’autel est toujours riche en offrandes. Les adeptes espèrent ainsi recevoir la bénédiction des différentes déesses (Mère du Ciel, Mère des Eaux, Mère de la forêt et de la montagne).

Devant l’autel, des médiums pratiquent l’interpellation, rite principal du culte.

Les offrandes sont reçues par les divinités puis offertes à ceux qui assistent à la cérémonie. On les appelle des « faveurs ». En recevoir beaucoup est le signe d’avoir un jour de la chance. Ces « faveurs » sont conservées chez soi, ou parfois offerts à d’autres..

L’interaction entre médiums, assistance, chanteurs et musiciens génère une excitation enthousiaste. Les adeptes en oublient leurs soucis quotidiens et éprouvent une sensation de joie.

36 tableaux au maximum rythment la cérémonie, à la manière d’une petite pièce de théâtre.. Les différents personnages – incarnation de la Déesse Mère – se succèdent. Les costumes, les objets utilisés, la musique, les danses permettent de les différencier.

Un médium entre en contact avec la divinité, et relais les demandes des adeptes. A coté de lui, deux assistants l’aident à accomplir sa tâche.

Les costumes sont très soignés. Ils symbolisent les incarnations en Princes, Princesses, Mandarins, Page.


Détail du costume du Grand Mandarin Tuan Tranh (musée de la femme, hanoi)

A noter qu’une exposition consacrée à ce culte se déroule actuellement au musée de la Femme de Hanoi.