Hué, Vietnam, quoi de neuf en 2024 ?

L’année 2024 a été riche d’embellissements en centre ville ! Parc, jardins et d’autres « promenades » sont en cours d’aménagement, comme le long du marché Dong Ba, au «belvédère » (vong canh), et surtout le long du bras Nhu Y qui se jette dans la rivière au niveau de la « digue de pierre » (Dap Da). Un autre parc a été créé à l’entrée du canal Dong Ba, en mémoire d’un artiste très célèbre ici, Trinh Cong Son. Mais le plus impressionnant est le nouveau pont qui enjambe la rivière des parfums à Kim Long. On s’attendait à une passerelle, c’est finalement un immense pont qui sera en service dans quelques mois.


Le nouveau pont au niveau du quartier kim long (photo journal Lao Dong)

A noter également la construction d’un autre pont démesuré à l’embouchure de la rivière des parfums, reliant la lagune du nord à celle du sud au niveau de Thuan An.


Le nouveau pont sur la lagune

Le parc du « dragon », situé à quelques kilomètre de la ville, est lui aussi en cours d’aménagement. Grace aux touristes occidentaux nombreux à accéder au dragon de ciment, celui-ci est sauvé ! il n’est plus question de le demolir.


Le parc du dragon en voie d’aménagement

Les aménagements le long de la rivière, au niveau de la pagode Thien Mu, sont aussi trés réussis. Nombreux sont les locaux qui s’y pressent pour admirer le coucher de soleil. Certains font aussi du paddle en été.

Le long de la mer, en raison du changement climatique, une digue de plusieurs kilométres de long est en cours de construction. Le chantier est très impressionnant et on espère que cela sufira à protèger la cote, et notamment le resort Villa Louise de notre ami michel.


La nouvelle digue de protection de la plage, au niveau du resort Villa Louise

Moins glamour, l’élargissement de nombreuses rues à Hué, ce qui occasionne des destructions de maisons et d’arbres. Cela ne régle pas pour le moment la question du manque de places de parking.. On a meme des bouchons à Hué au moment des heures de pointe !

La société vietnamienne Vinfast produit depuis peu des petites voitures très colorées, toutes électriques bien sur ! Prix à partir de 9000 euros (en location de batterie). Il semble que ce soit un « carton » en cette fin d’annee, car, étonnement, il n’y avait aucun modèle de petites voitures au Viêtnam avec cette voiture.


La nouvelle Vinfast VF3 aux couleurs et décos variées..

Du coté des édifices construits du temps de la période francaise, on a appris que la ville voulait protéger les restes de l’ancienne cimenterie Bogeart (voir article dédié). Voila une bonne nouvelle ! Une belle maison a été renovée par la propriétaire de l’appart hotel Cocodo, rue Ham Nghi. Je vous en parlerai ulterieurement.


Les anciens bâtiments de la cimenterie Bogaert (photo journal Lao Dong)

Dans la citadelle, le palais Kieng Trung, détruit en 1947, a été reconstruit et réouvert au public. Le palais Thai Hoa a été rénové entierement lui aussi.

Mais l’evenement commercial de l’année, c’est l’ouverture du premier centre commercial digne de ce nom à Hué ! un immense mall Aeon ouvert par des investisseurs japonais. On y va pour profiter de la clim, et acheter des viennoiseries. Mais il n’y a pas vraiment de « locomotive » (le supermarché vend les produits 10 à 30% plus cher qu’ailleurs..), alors je ne suis pas sur que le succés dure bien longtemps. Les boutiques sont trop chics pour le niveau de vie des Huéens, le centre est trop grand.. Il y a meme un café ou l’on peut se relaxer en carressant des chats.. Mais qui est stressé au vietnam ?!


Le nouveau centre commercial Aeon de Hué (photo internet)

En ville, toujours plus de cafés ! malgré la hausse des prix de l’arabica, la concurrence effrainée fait baisser le prix des expressos. Le prix moyen est de 16.000 vnd, soit 0.60 euros. Les ventes à emporter des « bubble tea » sont présents partout en ville.
Le commerce en ligne est toujours aussi florissant ainsi que les livraisons à domicile des produits de bouche. Les viennoiseries commencent à se developper ici, c’est nouveau.

Et on a meme une chocolaterie Marou, les fameux francais « faiseurs de chocolat » au Vietnam ! Longue vie à eux à Hué !


Un beau travail d’anemagement pour la nouvelle boutique Marou..

D’un point de vue économique, on notera la mise en service d’une immense usine d’assemblage de bus, de camions et vans près du port de Hué, à Chan May. C’est un projet à 200 millions de dollars. Le vietnam avance vers l’industrie.

Une revolution silencieuse s’est aussi produite au vietnam cette année ! il y a deux ans, le gouvernement annoncait une dématerialisation des paiements de proximité.. ca faisait doucement rigoler car tous les viets payent en cash. Mais cette année, toutes les banques ont proposé à leurs clients de payer avec leur smartphone. C’est gratuit tant pour le commercant que pour les clients. De fait, tout le monde paye comme ca, en flashant un QR code, pour des montants ridiculement faibles.. Bravo le Vietnam !

De meme, au niveau national cette fois, on nous annonce un train à grande vitesse pour 2035 ! Il parait que la vitesse dépassera 350km / heure. De quoi décorner les buffles d’eau !

Coté tourisme, l’année fut calme. Il n’y a toujours pas de vols internationaux au nouvel aéroport de Hué. Beaucoup des touristes vietnamiens pendant l’été, et des touristes coréens, japonais, chinois et occidentaux toute l’année..

A noter enfin que la ville de Hué est devenue une province à elle seule, comme Hanoi, Saigon, Cantho, Haiphong et Danang.. mais cela ne change rien pour les touristes…

Hué est la plus belle ville du Vietnam et nous vous y attendons!

Escapade à Quy Nhon ! Partie 4, la presqu’ile

L’objectif premier de mon escapade à Quy Nhon était de pouvoir marcher le long de la côte et découvrir les sites et ports de pèche disséminés ici ou la. Car les vues aériennes de cette partie du Vietnam sont à couper le souffle..

Mais il fallait bien me rendre à l’évidence, au vietnam, rien n’est fait pour la marche. Soit les sentiers n’existent pas, soit la côte est privatisée.


L’arrivée sur le site de Nhon Hai, par temps d’orage!

Je commence néanmoins mon escapade par ce qui me semble le plus authentique, le port de Nhon Hai, au sud de la presqu’ile. C’est à environ 1 heure de moto de la ville (il existe aussi des bus publics) et les derniers kilomètres se font sur une 4 voies ! La descente vers le village est impressionnante avec une vue magnifique sur la mer et un gros rocher qui protège le port.

C’est un petit port de pèche et, en cette saison (début octobre), il n’y a aucun touriste. Il n’y a pas de port proprement dit ni de jetée, les bateaux mouillent au large. Les pécheurs utilisent des paniers ronds pour faire les allers et retours.


Une partie du village de pécheurs de Nhon Hai


Ambiance de bretagne!

L’endroit est bucolique, se baigner est très agréable, on peut déguster des banh xeo et boire de la bière locale. Evidemment ici, personne ne parle anglais. Le kilo de langouste est à 1,2 millions, soit 45 euros.


Coquillage et oursins en retour de pèche

Il y a quelques petits hôtels et avoir une chambre face à la mer est magique.


« J’aime ma patrie! » un peu de propagande ne fait pas de mal!

Je voulais aller voir la pointe sud de la presqu’ile. Mais le promoteur Merryland a complètement privatisé cette espace de plus de 200 hectares ! Un resort Marriot devrait sortir de terre un jour, même si le projet global semble au ralenti. Impossible d’aller également au port de Hai Minh comme indiqué dans un article précédent. Le reste du sud de la presqu’ile est une immense zone industrielle en cours de développement.

J’ai tenté ma chance en allant vers le nord. Les collines en hauteur du bord de mer sont riches en panneaux solaires et en éoliennes. L’accès ne semble pas possible.

J’ai tenté ma chance plus au nord, à Nhon Ly. Le village est assez ordinaire, bien que des âmes généreuses aient commencé à peindre et décorer quelques ruelles qui accèdent à la plage. Celle-ci part à gauche et on aimerait bien la suivre sur les 9km de sa longueur. Mais un gardien stoppe le passage dès l’entrée dans la zone du resort FLC Luxury Resort Quy Nhon. Pourtant, cet immense et magnifique resort est … fermé en cette saison. Encore un hôtel fantôme.


Le port de Nhon Ly. Au fond, l’immense resort FLC Quy Nhon

A droite de la plage, on peut grimper sur les rochers.. il y a un semblant de chemin et la vue est superbe. En contrebas, des pécheurs sont installés en pleine mer dans des bateaux ronds très instables.. Bonne chance à eux ! Sur la pointe, la vue est superbe.. enfin on respire!


La côte escarpée au depart de Nhon Ly

Le village est aussi le point de départ des sites de Eo Gio et Ky Co. Encore des sites privatisés et donc payants que je décline. Sur la place de parking au depart de l’attraction d’Eo Gio, il y a un hotel dans le style de Santorin avec un faux moulin à vent en haut.. le Vietnam n’a t il rien à offrir de typique? En revanche, je vous recommande la visite de la pagode juste à coté.

L’arrière du village de Nhon Ly est un vaste chantier mené par FLC. Autour d’un golf, on y construit à la vitesse de tortue des villas qui semblent abandonnées aussitôt construites…

Pour conclure cette expérience, je dirais que la côte est magnifique.. en photos aériennes.. Dommage ! Mais bon, n’étant resté sur place que 2 jours, je reste preneur de conseils sur les éventuels endroits accessibles..


Vue aérienne du site de Nhon Ly et Eo Gio (photo internet)

Escapade à Quy Nhon ! Partie 3, l’ancien séminaire de Lang Song

Voila un bel endroit assez inattendu. Il est en effet rare au Vietnam de voir la promotion touristique pour un établissement catholique.

L’endroit s’appelle « Tiểu chủng viện làng sông », littéralement « petit séminaire du village fluvial ». Les petits séminaires existaient en nombre autrefois au Viêtnam, comme en France. Village fluvial, car le site est situé le long d’un fleuve qui se jette dans la mer à 3km de là. Il ne faut pas oublier qu’autrefois, tous les transports se faisaient en bateau.

L’endroit est à une douzaine de kilomètres du centre ville et facilement localisable. Il est pourtant en pleine campagne mais proche d’un axe routier important qui ne demande qu’à se développer.. L’ensemble est magnifique et fait plus de3 hectares, au milieu des rizières.

Lorsqu’on accède au séminaire, on s’attend à voir de jeunes prêtres.. Mais non, ici, il y a que des religieuses ! Le séminaire lui, a déménagé en 1968, et les bâtiments ont été confiés en 2012 à une nouvelle congrégation catholique diocésaine, « les Servantes de Jésus de la Miséricorde ». Plus de 140 jeunes sœurs et postulantes vivent ici. En à peine 10 ans d’existence, c’est impressionnant !

Les bâtiments font office de maison-mère provisoire, et de centre de formation. Beaucoup de religieuses se préparent à occuper des fonctions éducatives dans les jardins d’enfants des communautés catholiques.

L’accueil est chaleureux mais une seule sœur parle anglais. Aux heures d’ouverture, on peut faire le tour des bâtiments, se reposer dans le jardin magnifique. Il y a même une boutique souvenir. Les plus chanceux pourront visiter la chapelle. Tous les bâtiments sont dans un état impeccable.

La première implantation du séminaire date des années 1860, à la fin de la persécution des catholiques par le roi Tu Duc. Mais c’est aussi et surtout l’une des premières imprimeries catholiques du Vietnam, avec l’impression d’ouvrages en Quoc Ngu, la langue romanisée du vietnamien. Les arbres les plus anciens ont été plantés en 1892.

Les bâtiments actuels datent des années 20-30, avec un style en voute d’ogive, habituelle à l’époque. De nombreux missionnaires français sont passés par la.


Photo internet extraite du site https://quynhontrip.com/tieu-chung-vien-lang-song/

Ce bel endroit mérite quelques recherches de ma part ! À suivre donc !

Escapade à Quy Nhon ! Partie 2, le port

Le port de pèche de Quy Nhon est un endroit fascinant, une ruche en constante effervescente et surtout accessible aux visiteurs.


Entrée du port de pèche de Quy Nhon. A l’arrière, le port des marchandises

L’accès se fait par la rue Tran Hung Dao, en face du numéro 39. On arrive sur une jetée qui matérialise l’entrée du port de pèche.

Dans l’enceinte du port, à droite de l’entrée, on voit une myriade de petits bateaux qui transportent des passagers pour le port de Hai Minh et tous les sites autour. Les scolaires payent 10 kvnd par trajet, les touristes un peu plus..


Transport des passagers vers Hai Minh


Vente des poissons d’élevages encore vivants

Un peu plus loin, on avance sur la jetée.
Toute la journée, des bateaux très colorés, petits ou grands, ne font qu’entrer et sortir du port. Certains d’entre eux s’arrêtent à la jetée pour faire une provision de glace, d’eau et de provisions avant un départ prolongé en mer.


Chargement de la glace


Certains préfèrent la glace « pillée ».. les machines utilisées ont des « dents » de 7cm…

Sur cette même jetée, il y a aussi souvent un bateau qui transporte passagers et marchandises vers le port de Nhon Chau, l’ile de Cu Lao Xanh, située à 20km au sud de Quy Nhon. Hélas, il n’est pas autorisé à prendre des étrangers.


Le bateau pour l’ile de Cu Lao Xanh, transportant aussi des cercueils!

A l’intérieur du port, vers la gauche, on accède au marché de poissons. Les bateaux de pèches arrivent là pour décharger leur cargaison. C’est très rapide quand ils ont eu le temps de trier le poisson par catégorie, un peu plus long sinon.. C’est un ballet incessant dans un brouhaha et une agitation toute vietnamienne. Un bazar indescriptible qui vaut le détour !


Il est midi et pourtant encore beaucoup d’agitation… ici la « criée » est au sens littéral..

C’est mieux d’y aller le matin pour profiter du soleil pour faire des photos..

Apres 2 heures à observer les allers et venus, je suis allé en bateau à Hai Minh. La traversée prend une quinzaine de minutes, un peu plus si le bateau descend des passagers ailleurs.

Etonnement, le port de Hai Minh n’est accessible que par la mer. Comme tous les petits ports vietnamiens, c’est sale et d’un intérêt touristique limité. Mais on peut néanmoins marcher jusqu’en haut de la colline ou domine une immense statue de Tran Hung Dao, le héros vietnamien qui a, en 1288, chassé les envahisseurs mongols dans la bataille navale mémorable de Bach Dang.


Le port de Hai Minh, depuis la terrasse de la statue de Tran Hung Dao

Un peu plus loin, on peut descendre vers une jolie crique très ensoleillée. Au vue des restes de coraux, le snorkeling doit être valable à proximité.

Escapade à Quy Nhon ! Partie 1, la ville

Quy Nhon est sur la cote centrale du Vietnam, à 8 heures de train de Hué. La gare elle-même est Dieu Tri, à une dizaine de kilomètre de la ville.

Quy Nhon est une petite ville comparée à Hué. C’est surtout un port de pèche important et une baie magnifique entourée de collines verdoyantes et d’une cote rocheuse digne de la Bretagne du nord (le soleil et la chaleur en plus !). La plage fait plus de 4km de long…


Au port de pèche de Quy Nhon

Il y a peu de touristes étrangers ici. Et les touristes vietnamiens y sont présents seulement durant les vacances scolaires, de juin à aout. L’ambiance y est donc très locale. La plage longe toute la ville, c’est formidable. Les étudiants de l’université n’ont qu’à traverser la rue pour aller se baigner. Le soir, l’ambiance est familiale. C’est très différent des villes cosmopolites comme Danang ou Nha Trang.


Vue de la ville depuis la terrasse de l’hotel Anya

Comme partout dans les grandes villes au Vietnam, il y a une quantité astronomique de cafés.
Mais on retrouve le Vietnam traditionnel à travers la présence encore nombreuses d’échoppes sur les trottoirs. Au vietnam, depuis 15 ans, les municipalités font la chasse aux restaurants de rues qui envahissent les trottoirs. Ici, cela ne semble pas le cas. Du coup, il n’y a que l’embarras du choix pour se restaurer ! Ville portuaire, on peut déguster partout des fruits de mer, des oursins aux langoustes.. Avis aux amateurs !

Et Quy Nhon, c’est aussi la ville des Banh Xao, ces petites crêpes vietnamiennes riches en calamars ou en crevettes. On s’en régale avec un mesclun de salades locales et surtout la saveur des lamelles de mangues vertes. Chaque crêpe coute 10 kvnd (0.35 euros). Parfois, on peut aussi vous proposer des jus de légumes ou de fruits, c’est délicieux. Je n’oublierais pas la bière locale qui porte le nom de la ville.


Les Banh Xeo aux calamars avec la bière locale

Pour le petit déjeuner, on retrouve aussi des crêpes très légères (banh xeo vo), à base de riz ramolli durant la nuit. Elles sont dorées quelques secondes à la poêle pour leur donner une forme de crêpe. A 3 centimes d’euro la crêpe, on peut en profiter !


Les fameuses crepes pour le petit déjeuner..

Il y a 15 ans, il n’y avait aucune tour dans la ville. A présent, elles sont nombreuses, la plupart étant des hôtels de luxe. La société de construction et d’hôtels FLC est partout en ville. Son fondateur est réputé pour sa capacité à corrompre. Il dort à présent en prison.

Nul besoin de loger dans ces hôtels pour aller boire un verre au « skybar » ou prendre quelques photos d’en haut. J’ai testé les hôtels L’Amor (18 étages, piscine infinie superbe), Anya (24 étages) et surtout l’hôtel Grand Hyams, qui, avec ses 41 étages, est la plus haute tour de la ville. Le bar est en terrasse et la vue est panoramique.. L’hôtel ne compte que « 306 chambres » et, comme tous les autres, on se demande comment une telle capacité hôtelière peut exister.. Pour les photos, il faut mieux y aller vers 16h car les collines environnantes font disparaitre le soleil très vite..


Vue la partie sud ouest de la ville, depuis le haut de l’hotel Grand Hyams


Vers le port de Quy Nhon et la presqu’ile, en face

Pour éviter un service impersonnel, il vaut mieux choisir le homestay Song Suoi, la perle de Quy Nhon pour les étrangers en mal de rencontres. Ici, l’accueil est chaleureux, on y parle anglais parfaitement et la décoration est soignée. C’est à 200m de la plage et à proximité immédiate de tout commerce. Que demander de plus ?!

Apres la bouffe et les hôtels, il est temps de parler un peu culture et histoire. Pour les amateurs de vieilles pierres comme moi, on sera un peu déçu. Il n’y a plus aucune maison de l’époque française en ville. En revanche, les maisons de style modernistes (> 1960) sont assez courantes sans être exceptionnelles. L’un des bâtiments le plus ancien de la ville semble être la cathédrale catholique, construite en 1938.


Vue de la cathédrale de Quy Nhon, depuis les 41 étages de l’hotel Grand Hyams

Le musée de Quy Nhon est petit mais présente quelques pièces Cham de qualité. Pas facile de se concentrer sur les collections quand vous avez autour de vous 150 gamins des écoles qui n’ont qu’une question à vous hurler dessus « what’s your name ? ». Il faudrait quand même un jour apprendre autre chose aux enfants…


Sculpture Cham au musée local

Mais pour moi, le meilleur de la ville est son port !

Culture asiatique : l’autorité parentale

Voila un sujet que les touristes de culture occidentale ne soupçonnent pas quand ils visitent le vietnam : la prépondérance de la famille et la puissance parentale. Il faut vivre à proximité immédiate d’une famille asiatique pour s’en rendre compte.

Je ne parlerai dans cet article que de l’autorité parentale qui reste, à ce jour, extrêmement forte.

La soumission aux parents est le trait culturel le plus marqué au vietnam, comme dans tous les pays sinisés. La tradition confucéenne est au cœur de toutes les mentalités asiatique. Il faut se plonger dans le code Gia Long, au debut de la dynastie Nguyen (>1802), pour y comprendre les différences avec notre culture. Certes l’évolution de la société et de la loi a modifié bien des choses, mais les mentalités restent profondément ancrées dans ces principes immémoriaux. L’école continue de promouvoir les valeurs traditionnelles et, de fait, la société change peu.

Au Vietnam donc, on n’agit pas contre l’autorité parental. Jamais. Ce serait un manque de respect et une offense terrible.


Les vœux du Tet présentés au chef de famille

Le mariage

Par exemple, ce sont les parents qui valident ou non le mariage. Les raisons d’un refus peuvent émaner d’une différence de richesses entre les familles, de facteurs superstitieuses (incompatibilité liée aux dates de naissance ou aux signes astrologiques) ou simplement parce que les parents n’aiment pas le prétendant ou sa famille. Et dans ce cas, les enfants s’exécutent et se séparent ! L’amour est un critère apparu tardivement en Asie, et il ne se substitue pas complètement à la primauté de la famille.
Je me rappelle ma demande de mariage aux parents de ma femme. J’y étais allé la fleur au fusil, comme on pourrait le faire en occident. Simple formalité ? pas si sure.. Ma future femme était un peu tendue et écoutait la discussion sans intervenir. Certes, les étrangers ont plutôt bonne presse au Vietnam et il serait difficile d’empêcher un mariage. Mais les parents de futurs conjoints vietnamiens peuvent poser leurs conditions : rester vivre au vietnam, acheter une maison au préalable, vivre à proximité des parents etc.. Dans mon cas, j’ai du subir un interrogatoire auquel je n’étais pas préparé.. Heureusement tout s’est bien terminé.

La continuité de la famille, notamment pour assurer le culte des ancêtres, est fondamentale. La mariage n’a pas l’aura qu’il peut avoir en occident, avec d’abord une belle cérémonie civil à la mairie. Ici, pendant très longtemps, c’est resté du domaine du privé. De même, dans nos pays judéo chrétiens, on se marie pour la vie, qu’on ait ou pas des enfants. Ici, ce qui est important est d’avoir des enfants. Ainsi, il était possible de prendre une concubine, de répudier sa femme ou de divorcer en cas d’absence d’enfants, mais aussi d’adopter très facilement.
Pendant la guerre du Vietnam, les vietnamiens du nord qui s’infiltraient au Sud avaient le droit d’avoir une deuxième famille. Aujourd’hui encore, avoir une postérité est plus important que tout le reste. Les enfants ont les mêmes droits, même hors mariage.

Respect ou soumission ?

Dans les relations intra familiales en occident, on peut parler de respect et d’équilibre des droits et devoirs de chacun. Les enfants doivent respecter leurs parents et réciproquement.
En Asie, ce n’est pas si simple. A celui de respect, on lui substitue celui de soumission. Les enfants n’ont pas véritablement de droits. Et dans les faits ils ont surtout des devoirs.

Le code Gia long est très instructif sur ce plan. Il n’y a pas, par exemple, de majorité légale à laquelle les enfants peuvent s’émanciper. Toute leur vie et tant que les parents sont en vie, ils doivent se soumettre au bon vouloir des parents.

Aujourd’hui, les choses ont peu évolué. Dans une famille, les enfants peuvent pester devant les exigences des parents, mais aucun n’osera défier l’autorité parentale. Quand les parents (surtout le père) décident, les enfants exécutent. Quand on a 15 ans, on peut encore le comprendre, mais quand on a 50 ans ! Compte tenu du l’augmentation du niveau d’instruction, de la modernisation de la société et de l’allongement de la durée de vie, on peut facilement imaginer le supplice pour les enfants. Essayer d’imaginer un instant devoir obéir comme un petit enfant à des parents âgés de 90 ans !

Ce principe n’est pas remis en question dans la société, je le vois tous les jours dans ma famille. Mais cela conduit à des comportements d’évitements comme le mensonge et la dissimulation. Car il est facile d’imaginer que ce pouvoir exorbitant des parents peut aboutir à des abus de tout ordre. Pour les enfants, ce sera les servitudes ménagères. Pour les adolescents, ce sera le choix des études qui pourra leur être dicté. Pour les jeunes adultes, ce sera l’impossibilité de quitter le domicile parental avant le mariage. Plus tard, ce sera la disponibilité immédiate qu’il faudra offrir à ses parents à la moindre requête.

Le code Gia Long était très clair sur le sujet. Le premier devoir des enfants était d’aimer leurs parents. Cela devait être un renoncement de soi même et cela exigeait le sacrifice totale d’une vie ! On est loin de l’obligation toute platonique du droit français du respect et de l’honneur à apporter à ses parents !

Subvenir aux besoins de ses parents

Subvenir aux besoins de ses parents est aussi un trait culturel profondément ancré ici. Combien de fois ai-je entendu ces propos de la part d’étudiants : « je veux travailler pour aider financièrement mes parents ». Dans bien des familles, avoir des enfants est l’assurance d’avoir une bonne retraite. Envoyer de l’argent à ses parents n’est pas, comme on pourrait le croire en occident, une action volontaire, c’est une obligation. C’est, d’une certaine manière, rembourser tous les frais d’éducation supportés par les parents durant le jeune âge. Les plus critiques – ou lucides – disent qu’un enfant nait ici avec une énorme dette qu’il passera toute sa vie à rembourser…
Certes, l’amélioration des conditions de vie et la mise en place de pensions de retraite atténuent un peu ce coté peu attrayant de la culture locale. Mais je me souviendrais toujours de la pression exécrable de certains parents vis-à-vis de leurs enfants pendant les confinements du covid ou ceux-ci, privés d’emplois et donc de revenus, ne pouvaient plus envoyer d’argent.

Le fils ainé, des devoirs en plus

Le fils ainé a des responsabilités supplémentaires par rapport au reste de la fratrie. C’est lui qui devra s’occuper de ses parents, voire des grands parents, lors de leurs vieux jours. Ainsi on voit des gens en pleine réussite professionnelle, souvent loin de chez eux, qui doivent du jour au lendemain revenir à la maison familiale pour s’occuper de leurs ainés. Et ils reviennent avec femme et enfants, abandonnant souvent leur activité professionnelle antérieure pour se consacrer à 100% à leur devoir de fils ainé. La belle fille doit suivre et c’est à elle en général a qui revient les taches ménagères et la préparation des repas. On peut imaginer facilement quelle épreuve cela peut constituer ! Comme les gens vivent de plus en plus longtemps, cette période forcée d’inactivité sociale est de plus en plus difficile à vivre. Les confidences sont rares, mais les cas d’alcoolisme ou de dépression existent.
En compensation, le fils ainé hérite de la maison de ses parents et de quelques biens qui doivent financer le cout des cérémonies de culte après le décès des parents.

Tout cela est accepté par les enfants et jamais ils se plaindront en public ni même devant leurs parents. De fait, les parents peuvent ne pas se rendre compte de la souffrance de leurs enfants. C’est le règne du non-dit.

La seule évolution notable est le rôle de la femme et de la mère dans la société vietnamienne. Autrefois, la mère avait peu d’instruction et restait souvent en retrait. Aujourd’hui, c’est elle qui tien les cordons de la bourse, et gère efficacement tous les aspects de la vie familiale. De nos jours, les femmes sont modernes, travaillent souvent et s’occupent de l’éducation des enfants. Mais s’il faut prendre des décisions importantes, c’est quand même l’homme qui décidera.

Ainsi est la culture vietnamienne…

A lire aussi sur le sujet :
– La puissance paternelle dans le droit annamite, Ho Dac Diem,
– Le code Annamite, traduction d’Aubaret, sur Gallica